Collège St Nicolas

Collège – Tiffauges

VendéeUradel
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Depuis le début de l’année scolaire, tous les élèves de troisième participent à la commémoration du centenaire de l’Armistice de la Première Guerre mondiale.

Ils ont d’abord mené un projet sur les monuments aux morts : recherches et exposé sur le monument aux morts de leur commune en cours d’histoire, étude de statistiques sur les soldats de leur commune en cours de mathématiques, création d’œuvres de mémoire en cours d’arts plastiques.

Ils se sont également intéressés à la vie des soldats pendant la Grande Guerre. Pour cela, ils ont pu étudier une exposition d’affiches fournie par l’Historial de la Grande Guerre de Péronne. Puis, ils ont travaillé sur des lettres de Poilus en cours de français et les ont mises en voix et en musique en cours d’éducation musicale. Les enregistrements réalisés dans chacune des classes ainsi que les textes travaillés sont joints à cet article.

Une grande partie de ce travail de mémoire (créations d’arts plastiques et enregistrements) a été exposée à la MARPA de Tiffauges entre le 12 et le 18 novembre.

Enfin, plusieurs élèves de Tiffauges étaient présents à la commémoration de l’Armistice, le dimanche 11 novembre. Bravant le mauvais temps, ils sont venus participer à la levée du drapeau tricolore, au dépôt des gerbes, à la remise des médailles militaires et à la lecture de lettres de Poilus teiphaliens.

L’ensemble de ce projet aura permis aux collégiens de devenir de véritables héritiers de la mémoire de la Grande Guerre.

Texte de la lettre lue par les 3A

Vingré, le 4 décembre 1914.

« Ma bien chère Lucie, Quand cette lettre te parviendra, je serai mort fusillé.
Voici pourquoi : Le 27 novembre vers 5 heures du soir, après un violent bombardement de deux heures, dans une tranchée de première ligne, et alors que nous finissions la soupe, des Allemands se sont amenés dans la tranchée, m’ont fait prisonnier avec deux autres camarades. J’ai profité d’un moment de bousculade pour m’échapper des mains des Allemands, J’ai suivi mes camarades, et ensuite, j’ai été accusé d’abandon de poste en présence de l’ennemi.
Nous sommes passés vingt-quatre hier soir au Conseil de Guerre.
Six ont été condamnés à mort dont moi. Je ne suis pas plus coupable que les autres, mais il faut un exemple.
Mon portefeuille te parviendra et ce qu’il y a dedans. Je te fais mes derniers adieux à la hâte, les larmes aux yeux, l’âme en peine. Je te demande à genoux humblement pardon pour toute la peine que je vais te causer et l’embarras dans lequel je vais te mettre.
Ma petite Lucie, encore une fois, pardon.
Je vais me confesser à l’instant, et espère te revoir dans un monde meilleur.
Je meurs innocent du crime d’abandon de poste qui m’est reproché.
Si au lieu de m’échapper des Allemands, j’étais resté prisonnier, j’aurais encore la vie sauve.
C’est la fatalité.
Ma dernière pensée, à toi, jusqu’au bout.
Henry Floch »

Texte de la lettre lue par les 3B

Mercredi 14 juin 1916
« Ma chère mère,
Je suis bien rentré de permission et j’ai retrouvé mon bataillon sans trop de difficultés. Je vais probablement t’étonner en te disant que c’est presque sans regret que j’ai quitté Paris, mais c’est la vérité. Que veux-tu, j’ai constaté, comme tous mes camarades du reste, que ces deux ans de guerre avaient amené petit à petit, chez la population civile, l’égoïsme et l’indifférence et que nous autres combattants nous étions presque oubliés, aussi quoi de plus naturel que nous-mêmes, nous prenions aussi l’habitude de l’éloignement et que nous retournions au front tranquillement comme si nous ne l’avions jamais quitté ?
J’avais rêvé avant mon départ en permission que ces six jours seraient pour moi six jours trop courts de bonheur, et que partout je serais reçu les bras ouverts ; je pensais, avec juste raison je crois, que l’on serait aussi heureux de me revoir, que moi-même je l’étais à l’avance à l’idée de passer quelques journées au milieu de tous ceux auxquels je n’avais jamais cessé de penser. Je me suis trompé ; quelques-uns se sont montrés franchement indifférents, d’autres sous le couvert d’un accueil que l’on essayait de faire croire chaleureux, m’ont presque laissé comprendre qu’ils étaient étonnés que je ne sois pas encore tué. Aussi tu comprendras, ma chère mère, que c’est avec beaucoup de rancœur que j’ai quitté Paris et vous tous que je ne reverrai peut-être jamais. Il est bien entendu que ce que je te dis sur cette lettre, je te le confie à toi seule, puisque, naturellement, tu n’es pas en cause bien au contraire, j’ai été très heureux de te revoir et que j’ai emporté un excellent souvenir des quelques heures que nous avons passé ensemble.
Je vais donc essayer d’oublier comme on m’a oublié, ce sera certainement plus difficile, et pourtant j’avais fait un bien joli rêve depuis deux ans. Quelle déception ! Maintenant je vais me sentir bien seul. Puissent les hasards de la guerre ne pas me faire infirme pour toujours, plutôt la mort, c’est maintenant mon seul espoir.
Adieu, je t’embrasse un million de fois de tout cœur.
Gaston »

Texte de la lettre lue par les 3D

Léon Hugon a été blessé le 9 septembre 1914 par un éclat d’obus pendant la première bataille de la Marne. Puis,il fût envoyé à l’hôpital de Tulle où il mourut du tétanos le 22 septembre 1914.

Tulles,le 18 septembre 1914.

« Bien chère Sylvanie,
Je ne peux pas m’empêcher de te dire que je suis dans une très mauvaise position. Je souffre le martyr, j’avais bien raison de te dire avant de partir qu’il valait mieux être mort que d’être blessé, au moins blessé comme moi.
Toute la jambe est pleine d’éclats d’obus et l’os est fracturé. Tous les jours quand on me panse, je suis martyr, lorsque avec des pinces, il m’enlève des morceaux d’os ou des morceaux de fer.
Bon Dieu, que je souffre ! Après que c’est fini, on me donne bien un peu de malaga, mais j’aimerais mieux ne pas en boire.
Je ne sais pas quand est-ce qu’on me fera l’opération.
Il me tarde bien qu’on en finisse d’un côté ou de l’autre.
Enfin, je suis bien mal à mon aise, pas pouvoir se bouger, j’ai de la peine à prendre le bouillon sur ma table de nuit. Je t’assure que c’est triste dans ma chambre, nous sommes vingt neuf, personne ne peut se bouger, des jambes cassées et des bras ou de fortes blessures et presque tous des réservistes comme moi.
Je te dirai que je passe des mauvaises nuits, si l’on m’avait évacuer jusqu’à Agen, tu serais bien venue me soigner et je serais été content d’être auprès de toi. Et toi aussi, ma chère Sylvanie, de me voir, ça serait été triste et une joie, pas comme si je n’avais pas été blessé ; mais que faire, c ’est ma déstinée. Maintenant, je suis dans le pétrin et pour s’en sortir, je ne sais pas trop comment ça finira.
Enfin, ma chère Sylvanie, je te dis tout maintenant, j’ai pas voulu te le dire à la première pour ne pas te vexer, mais je vois que je suis obligée de t’aviser de ma situation.
Je ne te fais pas de mauvais sang, je m’en fais pas parce que je suis pas seul, vis en espoir et si jamais je reviens, je verrai mon fils grandir, que je le dresserai pour travailler le bien de Vinsot et moi on me fera bien une pension.
Je crois que je la gagne, quand bien même que je ne pourrais pas trop travailler, ça nous aiderait pour vivre.
On ne serait pas encore trop malheureux et Gaston commencerait de travailler. Il y en a bien qui n’ont qu’une jambe et qui travaillent.
Il faut espérer que tout ce que je dis là arrive. Prie Dieu pour moi, qu’il me délivre de la souffrance. Je t’embrasse bien fort sur chaque joue avec Gaston le petit chéri.
Ton cher ami
HUGON Léon »